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Date de création : 04.10.2012
Dernière mise à jour : 06.06.2013
33 articles


MES PREMIERS PAS DANS LA COURSE À PIED

Publié le 18/10/2012 à 14:05 par demalvoyant-a-aveugle Tags : course roman nature oiseaux sport paysage

 

MES PREMIERS PAS DANS LA COURSE À PIED

 

 

 

Depuis l’âge de 16 ans et mon premier décollement de la rétine, je n’avais pas l’autorisation de pratiquer de sport.

 

Quarante ans plus tard, en octobre 2008, je suis devenu non voyant ; du coup plus de rétines à conserver et donc plus d’interdiction ! Seul petit problème… Il me faut un guide pour m’accompagner.

 

C’est à ce moment qu’intervient un coup de chance géant : mon médecin de famille me propose de courir avec lui dans les collines de Marseille.

 

Après quelques jours de réflexion et malgré les réticences de Marie (mon épouse), j’accepte de me lancer dans l’aventure.

 

C’est ainsi qu’un beau matin de décembre, nous nous retrouvons en tenue de joggeur près du Stade de Luminy pour un test grandeur nature.

 

La veille, tel un gamin avant la rentrée des classes, j’avais préparé mes affaires toutes neuves : le coupe-vent, le tee-shirt anti transpirant, le flottant, les chaussures adéquates et les lunettes de protection ajustée ! Reliés l’un à l’autre, par une sangle aux poignets, nous effectuons nos premières foulées communes.

 

La nature du sol : terre, ciment, goudron, caillou… L’orientation : gauche, droite, montée, descente… Tout doit être décrit avec précision, encore ne faisons-nous que trottiner !

 

Dès ce démarrage nous sentons que l’osmose s’installe rapidement à tel point, qu’au grand étonnement de Jacky qui nous rejoint, Frédéric décide d’attaquer sans plus attendre «sa boucle» dont je vais bientôt connaître la difficulté !

 

Un chemin de randonnées rempli d’ornières, de racines, de tournants serrés… Du coup les indications se font plus nettes, plus rapides, sans fioritures et, instantanément, mon cerveau convertit tout cela en ordres pour les jambes qui avalent les mètres sans mollir. Enfin presque… Une rampe sévère se charge de rompre ce bel ensemble  Je vais en baver, essoufflé au possible, m’arrêter puis repartir, sous les encouragements de mes deux comparses, mais finir !

 

Je pousse un cri énorme, transporté de joie mêlée de surprise : d’où sort toute cette énergie, cette force, cette envie ? La frustration enfouie ? La rage accumulée ? La revanche inconsciente ? Probablement tout ensemble, mais surtout, cette capacité qu’a l’être humain, de s’adapter, de faire face. Une ressource incroyable, dont j’ignorais être le détenteur et qui m’émerveille tous les jours !

 

Force est de constater que, les mois et les kilomètres passant, la coordination et surtout la confiance se font parfaites : plus besoin de descriptions, un simple geste suffit ; nous pouvons converser de tout et de rien.

 


Une autre personne va vivre ces moments avec intensité : Catherine, l’épouse de Frédéric.

La première fois qu’elle viendra courir avec nous, elle prendra peur à nous voir nous élancer sur les chemins ! Elle se mettra devant nous déclarant : «Je ne peux pas regarder… Je suis trop inquiète pour cela !».

 

Il lui faudra encore une séance avant de pouvoir courir à nos côtés et encore une, avant de nous suivre, non sans une pointe d’appréhension. Puis, la même Catherine, acceptera, avec une certaine hésitation, de me guider : ce qu’elle fait maintenant, avec un plaisir assuré ! Plus tard, c’est autour de Marie-Pierre, une amie de Catherine, d’apprendre à en faire autant.

 

Courir va devenir un plaisir de plus en plus grand : non seulement sur le plan sportif ; les performances s’améliorent ; mais surtout sur le plan mental. L’enfermement (moral et physique) dû à la cécité est néfaste médicalement, socialement, il retentit, certes sur la personne atteinte, elle-même, mais aussi sur son entourage !

 

La pratique de ce sport m’a permis d’évacuer le trop plein d’énergie emmagasiné, de nettoyer le cerveau des idées sombres, de faire exploser le stress accumulé et de repartir en pleine forme, l’humeur plus égale pour la semaine à venir (enfin pas toujours !).

 

Ma joie est immense de parcourir ces sentiers que je connaissais en tant que randonneur malvoyant. J’aime sentir les multiples odeurs, entendre le chant des oiseaux, le bruissement de la nature, «voir» le paysage, la Candelle, le Mont Puget, les calanques et toutes les magnifiques couleurs de la Provence qui défilent dans mon esprit.

 

Tout cela grâce aux commentaires que distillent mes compagnons de route, non sans quelques cris d’effrois sporadiques de mes guides au féminin ! Des frôlements de murets, de panneaux, de poteaux sur la Gineste, des pierres détachées par mon poids, des velléités de courir tout seul, autant d’occasions de me faire rappeler à l’ordre !

 

Si Marie-Pierre exprime ses craintes de manière très light, il n’en va pas de même de Catherine qui n’hésite pas à monter le ton, du genre : «Tu n’as peut-être pas d’appréhension ! Mais nous oui ! Tu dois penser à nos petits cœurs fragiles ! Pas étonnant que Marie te surveille comme le lait sur le feu !».

 

C’est dans ce plaisir partagé que nous avons parcouru, depuis, des centaines de kilomètres respiré des milliers de litres d’air pur, des tonnes d’effluves odorantes et des souvenirs par million !

 

Quant aux paroles échangées, aux fous rires partagés, aux confidences dévoilées, ils resteront entre nous et le vent les emportera pour les autres !

Commentaires (1)

Martine le 11/02/2019
Très utile comme article !

Pour le compléter, je suis tombé sur une carte qui regroupe un grand nombre d'associations pour malvoyants sur le site de Olga Téléphone : https://olgaphone.com/blog/carte-de-france-associations-aveugles-malvoyants/

Je vous le transmets à tout hasard ça aidera peut être des gens


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